Résumé

Michel Viel


« La traduction comme amorce de l’explication de texte. La scène de la bibliothèque dans The Great Gatsby »
1997, Sorbonne.


Bibliographie Michel Viel
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Michel Viel: Professeur – Université de Paris IV - La Sorbonne


Par ses choix, le traducteur porte sur l’œuvre traduite un éclairage qui lui est propre. La portée de cette idée, en soi banale, est mise à l’épreuve par une comparaison des traductions de Victor Llona (1926) et de Jacques Tournier (1996), de la scène de la bibliothèque de Gatsby le Magnifique  de F. Scott Fitzgerald (chapitre 3).

En traduisant le prétérit anglais par le passé simple, Llona fait du roman une histoire (au sens de Benveniste), tandis que Tournier, avec le passé composé en fait un discours. Ainsi, par un chemin strictement linguistique, on retrouve la grande controverse, engagée par Maxwell Perkins, sur le statut du narrateur, acteur ou témoin de l’histoire.

Les traductions posent, avec acuité, la question du sujet. En cherchant à assurer une meilleure lisibilité par des manipulations qui nous éloignent du sens, Tournier fait de la scène une vignette, dont le sujet réel est absent. L’impression que nous retirons de la lecture nous ramène inévitablement à la réalité, que la scène est un portrait en creux de Gatsby, ce qui nous permet de déceler, à travers les parallélismes grammaticaux et lexicaux, respectés ou négligés par les traducteurs, la présence d’un réseau métaphorique, croisé avec un autre réseau, métonymique cette fois. Owl-Eyes l’avait bien vu : « si on retire une brique, en fait un livre, de la bibliothèque, c’est tout l’édifice qui s’écroule. » Métaphoriquement, c’est bien ce qui se passe à la fin : Daisy perdue, Gatsby meurt.

       

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