Ce colloque fut organisé par le centre de recherche ERCLA avec le
soutien du British Council, du Conseil scientifique et de l’École
Doctorale IV de Paris IV-Sorbonne.
Une sélection des communications a été publiée
dans
Voices
and Silence in the Contemporary Novel in English. Newcastle-upon-Tyne
: Cambridge Scholars Publishing, 2009. 290p.
ISBN (10): 1-4438-1247-1, ISBN (13): 978-1-4438-1247-4
Price UK : £39.99
Price US : $59.99
http://www.c-s-p.org/Flyers/Voices-and-Silence-in-the-Contemporary-Novel-in-English1-4438-1247-1.htm
***
Programme du colloque
Friday 14 December 2007
Paris IV Sorbonne. 1 rue Victor Cousin, 75005 Paris
8h45-12h30 Salle du CIO, Galerie Claude Bernard, ground floor.
Chair : Vanessa Guignery (Paris IV)
8h45 Welcome
9h Laurence Tatarian (Bordeaux 3): Graham Swift's vocal silences
9h30 Isabelle Roblin (Université du Littoral-Côte d'Opale):
Graham Swift's Tomorrow: once more upon the breach...
10h00 Hélène Fau (Metz) : Making the voice wordless
in A Pale View of Hills by Kazuo Ishiguro
10h30 Coffee break
Chair : Isabelle Roblin (Université du Littoral-Côte
d'Opale) et Hélène Fau (Metz)
11h00 Annette Kern-Stähler (Münster, Germany): Jackie Kay,
Why don't you stop talking?
11h30 Cécile Léonard (Orléans): Salman Rushdie's
Art of Sentencing the Excess
12h Elsa Sacksick (Cergy-Pontoise): Cries and Whispers (Salman Rushdie/Arundhati
Roy)
12h30-14h30: Lunch break
14h30-18h00 English Department, Salle Louis Bonnerot, G Stairs,
2nd floor.
Chair: Didier Girard (Perpignan)
14h30 Tetyana Lunyova (Poltava State Pedagogical University, Ukraine):
The Told, the Written, and the Unuttered: on the Representation of
speech in the novel Music and Silence by Rose Tremain
15h00 Monica Girard (Nancy): Breaking the Silence in Lionel Shriver's
We Need to Talk About Kevin
15h30 Judith Munat (Pisa, Italy): Silence in contemporary African
fiction
16h00 Coffee break
Chair : Elisabeth Angel-Perez (Paris IV)
16h30 Sonia Saubion (Montpellier III) : From Logorrhoea to Silence
in John Fowles's The Collector
17h00 Judith Misrahi-Barak (Montpellier III) : Ryhaan Shah's Silent
Screams of A Silent Life
17h30 Christina Mesa (Stanford University, USA): Still Life and Performance
Art: The Erotics of Silence and Excess in Jamaica Kincaid's Lucy
and Zadie Smith's On Beauty.
Saturday 15 December 2007
9h00-12h30 Maison de la recherche, 28 rue Serpente, Salle D323,
3rd floor.
Chair: Benjamine Toussaint (Paris IV-Sorbonne)
9h00 Geneviève Ducros (Bordeaux II) : 'The silent ghostly I-figure
in Coetzee's Boyhood : Scenes from Provincial Life and the
grotesque writing of an unnameable secret.'
9h30 Bozena Kucala (Poland): Resisting history, resisting story:
J.M. Coetzee's The Life and Times of Michael K
10h00 Nicole Terrien (Rouen) : So many Silent Voices, which are mine?
(Jenny Diski)
10h30 Break
Chair: Nicole Terrien (Rouen)
11h00 Benjamine Toussaint (Paris IV-Sorbonne) : The narrator's voice
lost and found in Ronald Frame's The Lantern Bearers
11h30 Ingrid Bertrand (Louvain-la-Neuve, Belgium): Filling in what
was Left out: Voices and Silences of Biblical Women (Michèle
Roberts, Margaret Atwood)
12h00 Eleftheria Kavazi (Oxford): Voicing Silence and Silencing the
Voices: The Interplay of Verbosity and Absence of Speech in Samuel
Beckett's Drama
12h30-14h30: Lunch break
14h30-18h00 Milne Edwards lecture room, B stairs, 3rd floor, 1
rue Victor Cousin
Chair : François Gallix (Paris IV)
14h30 Paulina Kupisz (Warsaw, Poland): Giving voice to silence: A.S.Byatt's
Possession.
15h00 Ben Winsworth (Orléans): Passing Over in Silence: Towards
Quietism in Graham Swift's Shuttlecock
15h30 Pascale Tollance (Lille 3) : " You cross a line "
: Reticence and Excess in Graham Swift's The Light of Day
16h00 Break
16h30 Didier Girard (Perpignan): Radical No-Saying : PAradoxes of
the Will/Self
17h00 Reading and discussion with Will SELF
18h30 Cocktail
*
L'objectif de ce colloque international était de s'intéresser
aux processus opposés de mise sous silence et d'excès
de voix dans le roman contemporain de langue anglaise, et donc de
parcourir tout le spectre qui mène du débordement à
l'aphasie, du trop plein de paroles à la carence de la voix.
Le corpus envisagé comprenait les romans contemporains publiés
en Grande-Bretagne et dans les ex-pays du Commonwealth (" Nouvelles
Littératures ") de 1950 à nos jours
Il s'agissait d'une part d'envisager les processus d'épuration
de la langue, et de contamination du silence, en analysant les ellipses
narratives mais aussi les blancs typographiques. Ce type d'écriture
réticente participe certes d'une stratégie délibérée
de mise à distance de sujets douloureux, mais il révèle
également les difficultés relatives à toute entreprise
de dévoilement, de mise à nu, d'exploration de l'intime,
d'anamnèse et d'exhumation du passé public ou privé.
Réticences, écriture lacunaire, stratégies de
déplacement, figures dilatoires, récits troués,
art de l'esquive sont autant de moyens de contourner mais aussi de
détourner la réalité, et ainsi de la transformer
afin de la rendre plus acceptable et supportable. Il revient alors
au lecteur de faire preuve de perspicacité afin de combler
les silences gênés du narrateur, de compléter
les points de suspension qui lézardent le discours, de recouvrer
les vérités et les drames qui se cachent entre les lignes
et derrière les aposiopèses. Comme l'indique Jean-Michel
Maulpoix dans Du Lyrisme (2000) à propos de la poésie,
" Le silence est un moment, une limite et une qualité
de la parole " (416). Dans La Parole singulière
(1990), Laurent Jenny souligne quant à lui que toute voix est
" tramée de silence " (142), que toute parole se
construit sur du silence et le prolonge : " il n'est pas de parole
qui ne soit tressée avec un silence dont, tout à la
fois, elle procède et qu'elle étend après elle.
Toute profération vibre de la matité d'un non-dit qui
est aussi sa ressource rythmique " (164). C'est alors peut-être
dans les silences que la voix se fait le mieux entendre et il revient
au lecteur de prêter l'oreille, de décrypter ces silences,
d' " entendre l'inaudible " (17) pour citer Louis Marin
dans La Voix excommuniée (1981). On s'est alors intéressé
aux ouvrages où les silences et les failles du discours révèlent
plus qu'ils ne cachent, et on s'est penché sur les différentes
figures de narrateurs à la première personne, tiraillés
entre un désir de confession et une réticence à
tout dire (Kazuo Ishiguro, Graham Swift, J.M. Coetzee
).
Parallèlement, on a pu travailler sur les procédés
inverses d'emphase, d'excès de voix, de débordement
de la parole, en analysant les formes stylistiques qui y sont associées.
On s'est demandé ce qu'un tel flot continu dévoile ou
cache, et on analysera les caractéristiques des narrateurs
frappés par une logorrhée perpétuelle, tel Saleem
Sinai, le narrateur de Midnight's Children de Salman Rushdie.
On a vu en quoi l'excès de voix peut être lié
à une tradition d'oralité, de transmission par la parole,
en particulier dans certains ouvrages des nouvelles littératures.
On s'est intéressé aux effets polyphoniques dans des
romans où un babil et un babel de voix s'entremêlent,
se succèdent, se rencontrent, se croisent et s'entrechoquent.
Les phénomènes de voix enivrantes et hypnotiques, fondées
sur les principes de répétition et de redondance, furent
analysés afin de mettre en évidence le processus de
domination par la voix. Enfin, on s'est intéressé au
débordement de la parole dans les ouvrages écrits sur
le mode de la confession, en analysant ce que l'excès tente
de brouiller ou de cacher. L'examen des figures de narrateurs ou locuteurs
prolixes a conduit nécessairement à envisager l'implication
du lecteur ou du narrataire car le jaseur a besoin " d'être
stimulé par la conviction qu'on l'écoute " ou qu'on
le lise, comme le rappelle le narrateur du Bavard de Louis-René
des Forêts (148).
Nous avons proposé de confronter ces deux dimensions apparemment
contradictoires non seulement pour examiner ce que l'une et l'autre
révèlent, mais aussi pour déterminer si des points
de croisement sont envisageables, c'est-à-dire si l'excès
de voix n'est pas aussi, dans certaines conditions, une forme détournée
de silence, et si les silences ne sont pas parfois plus éloquents
qu'une prise de parole trop démonstrative.
Notre invité d'honneur fut Will SELF; il est intervenu le samedi
après-midi.